Sur le vif

Deux électrons libres gravitent dans un monde où le carbone est partout. Ils jonglent avec la forêt, dansent avec le CO2, pataugent dans l’hydrocarbure et dressent le portrait burlesque d’un monde accro au carbone.

En réponse, ils tracent les lignes d’un manifeste joyeux et décalé d’un monde où le vivant lutte et reprend de force la place que les humain-es lui ont volé. 

Les deux comédien-nes usent de tous les ressorts pour s’amuser et nous embarquer dans une fable écologico-circo-anthropologico-scientifico-théâtrale. 

 

Intention

Aujourd’hui, le réchauffement de la terre est au cœur des
préoccupations et tout porte à croire que cela va engendrer
de grands changements. L’un des personnages principaux de
cette évolution est le carbone. On parle de déforestation, de la
diminution des réserves de pétrole. On parle de l’augmentation
de dioxyde de carbone dans l’air… Bref, en écho à ce fait social
total, j’ai envie de faire un spectacle qui parle de carbone.
En tant que matière, il fait partie de notre vie quotidienne et
se rencontre sous forme de bois, de pétrole, de charbon, pour
les plus riches, sous forme de diamant et sous bien d’autres
formes encore. J’ai envie de m’attacher principalement aux
deux premières.

LE PÉTROLE
Pour y voir un peu plus clair, il faut se replacer à l’échelle de la terre. Se grandir.
Cette histoire commence, il y a 350 millions d’années. La terre n’est plus une grosse boule de lave incandescente
et l’eau est apparue sur terre. Une masse considérable de carbone est alors stockée par des organismes vivants.
Des millions d’années de lumière solaire sont alors stockés sous forme de carbone au fond des mers, puis par
sédimentation lentement enfouie sous terre.
Il y a moins de 200 ans, l’homme a eu l’incroyable chance de découvrir ce fabuleux trésor qui nous a donné des
superpouvoirs : voler, rouler, casser, tirer, exploser, filmer, creuser, mouler, penser… en libérant cette énergie
et, dans un même temps, ce dioxyde de carbone.
Est-ce que l’on grandit et vit dans une société accro aux hydrocarbures ?
Le temps d’écrire cette note d’intention sur mon ordinateur connecté à Internet, d’écouter cette playlist
« Pina Baush movie soundtrack », d’éteindre la lumière puisqu’il fait jour et d’apprécier un café chaud, j’ai
libéré exactement 6,25 g de CO2. C’est précisément le poids d’une graine de chêne, le gland.
Un chêne pluricentenaire produit plus d’un million de glands au cours de son existence et seulement un seul
parviendra à devenir à son tour centenaire.

LE BOIS
À l’image de cette analogie, il me semble important de mettre en perspective cette addiction aux hydrocarbures
et l’évolution de notre sensibilité au vivant. Sur ce point, les travaux de l’anthropologue P. Descola sont
particulièrement éclairants. Imaginer cette fable : une espèce fait sécession. Elle déclare que les dix millions
d’autres espèces de la Terre, ses parentes, sont de « la nature ». À savoir non pas des êtres, mais des choses,
non pas des acteurs, mais le décor, des ressources à portée de main.
Si la « nature » est une construction de la pensée occidentale moderne… Avec quel regard peut-on voir les
arbres et les animaux qui nous entourent ?
En résumé, voilà donc les deux questions que j’ai envie de partager avec les jeunes spectateur·ices et leurs
parents. Pour mettre en scène ces idées et concept au plateau, il y aura du bois, du bois qui s’imbrique, du bois
qui se fend, du bois qui se mange. Ce bois est parfois inerte. Parfois, il se révèle, est empreint de vie, même
d’une conscience. Il joue avec les hommes, il dialogue avec eux par des images. Et si la « Nature » reprenait ses
droits et retrouvait une indépendance ?
NOTE D’INTENTION
Il y aura aussi du pétrole et quelqu’une des 700 formes de plastique.
Il y aura également un énorme atome de carbone. L’infiniment petit vu en grand.
Concrètement, au plateau, il y aura une femme et un homme pour jouer tout ça. Il est essentiel pour moi d’être
plusieurs au plateau pour sortir du solo et d’explorer le champ relationnel entre deux personnes.
Les acteur·ices au plateau seront dans un espace-temps continue. Difficile d’identifier s’il s’agit du monde
d’après ou s’ils sont tous simplement dans une forêt. Nous cherchons à donner à ces deux personnages la
liberté de glisser en toute simplicité dans des univers assez différents.
Pour parler de tout ça, j’ai l’impression que les images, les corps, les relations entre les personnages peuvent
être plus parlante que les mots. Après plusieurs spectacles où je me suis bien amusé à jongler en solo avec les
objets et les mots, j’ai envie de privilégier l’écriture visuelle et corporelle en lien avec la matière. C’est une
manière d’aller vers une dramaturgie différente de celle emprunter ces dernières années. Je ne m’interdis pas
pour autant d’utiliser les mots.
Si la question du réchauffement climatique est potentiellement anxiogène. Cette création, elle ne le sera pas
puisque l’humour, la fantaisie, le décalage et la surprise seront là pour faire un croche-pied à la morosité. J’ai
envie de mettre en scène un spectacle qui traite d’un sujet préoccupant avec de la distance et du décalage.
J’ai une fascination pour le geste. En tant que comédien, certaines manipulations sont parfois exigeantes
à exécuter au début. Puis avec le temps et la répétition, le corps trouve le chemin, la justesse, la rapidité,
l’expressivité. Cette envie m’invite à imaginer un croisement avec le cirque. J’ai envie de tisser des liens entre
la gymnastique intellectuelle, impulsé par le théâtre d’objet, et le spectaculaire, créer par le geste circassien.

Distribution

Mise en scène : Gildwen Peronno • Regards extérieurs : Olivier Rannou (théâtre d’objet) + Eleonora Gimenez (cirque) • Jeu : Gildwen Peronno + Marie Bout

Téléchargements

Document

Dossier de production (17/10/2025)

Agrandir