Communiqué du 17/04/20 : Quels festivals après le 11 mai ?

Suite à la déclaration du ministre de la Culture sur les ondes de Radio France le 16 avril évoquant la possibilité de maintenir des « petits festivals » à partir du 11 mai, alors que le Président de la République avait affirmé quelques jours plus tôt que les événements ouverts aux publics resteraient fermés après cette date, et que les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourraient se tenir avant mi-juillet, une clarification des autorités nous semble aujourd’hui indispensable afin de lever le doute et l’incompréhension qui se sont installés chez de nombreux professionnels.
Nos organisations rassemblent de multiples manifestations, de toutes disciplines et esthétiques, principalement de petites et moyennes tailles, à l’image de la grande majorité des festivals qui existent aujourd’hui sur notre territoire.
La question d’un maintien possible des festivals de « petites jauges » à partir du 11 mai concerne donc potentiellement un nombre très important d’acteurs, professionnels et amateurs. Des structures qui, en raison du contexte actuel inédit et des impératifs d’anticipation encore plus important qu’il impose, ont un impérieux besoin de clarté et de visibilité.
Aussi, nous demandons que soient précisés dans les meilleurs délais les critères objectifs permettant de déterminer quels festivals pourraient éventuellement se dérouler, sous quelles conditions, et à partir de quelle date.
Parmi les conditions, nous pensons évidement à la sécurité des publics, des artistes, des techniciens et de l’ensemble des professionnels et bénévoles concernés, à laquelle nous sommes tous particulièrement attachés en cette période de crise sanitaire.
Nous pensons également aux conditions économiques en pointant les prises de risques considérables que pourrait représenter la tenue de festivals dès la mi-mai, quel que soit leur format, dans un contexte encore très incertain en matière de fréquentation et de maintien d’équilibre des modèles économiques souvent fragiles. Il conviendrait donc, le cas échéant, d’apporter des garanties aux structures porteuses concernées et de leur laisser la liberté de maintenir ou non leur manifestation, en conservant en cas d’annulation l’accès aux subventions et aides qui sont actuellement déployées.
Cette démarche de clarification des directives et perspectives nationales concernant les festivals, nous semble par ailleurs importante à porter aujourd’hui à l’endroit des collectivités, qui restent les partenaires incontournables des festivals et avec lesquelles il est plus que jamais indispensable de travailler en bonne intelligence.
En raison d’une confusion qui a pu brouiller les messages en cette période troublée, certaines collectivités annoncent aujourd’hui l’interdiction de toute manifestation jusqu’à la mi-juillet, quelle qu’en soit la taille, en invoquant les directives gouvernementales. Or à ce jour, à notre connaissance, seul le décret n° 2020-423 du 14 avril 2020 prolonge jusqu’au 11 mai la fermeture des établissements au public, l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes ainsi que les restrictions de déplacements. Et rien n’est encore officiellement déterminé pour la période du 12 mai à la mi-juillet ; la mission qui travaille actuellement sur les conditions de sortie du confinement devant rendre ses conclusions d’ici fin avril.
Et si les prochaines directives gouvernementales permettent de prévoir dans certaines conditions la tenue de « petits festivals » à partir de la mi-mai, il faudrait alors veiller à ce que les collectivités puissent effectivement prendre en compte ces nouvelles directives dans la délivrance des autorisations nécessaires.
L’après 11 mai ouvre donc une nouvelle période, le début d’une reconstruction collective à laquelle les centaines de structures culturelles que nous représentons, dont de nombreux festivals, souhaitent contribuer. Avec toutes leurs diversités, leurs compétences, leur créativité, et l’esprit de responsabilité et de coopération qui caractérisent le tiers secteur et les valeurs de l’économie sociale et solidaire dans lesquelles nous nous reconnaissons. Mais cette période ne peut s’ouvrir que sur des bases de la plus grande clarté dans les règles établies, préalable à la confiance mutuelle de l’ensemble des acteurs.
Si les précisions, assorties de critères objectifs et réalistes, que nous demandons ne peuvent être apportées dans les meilleurs délais, soit a minima deux mois avant les dates des manifestations prévues, il revient alors à la puissance publique de déclarer impossible la tenue des festivals, quelle que soit leur taille.
— Les signataires :
CITI – Centre International pour les Théâtres Itinérants FAMDT – Fédération des acteurs et Actrices de Musiques et Danses Traditionnelles FEDELIMA – Fédération de lieux de musiques actuelles FERAROCK – Fédération des Radios Associatives Musiques actuelles FNAR – Fédération nationale des arts de la rue FNEIJMA – Fédération Nationale des Ecoles d’Influence Jazz et Musiques Actuelles FRACA-MA – Pôle Région Centre-Val de Loire Musiques Actuelles France Festivals GRAND BUREAU – Réseau musiques actuelles Auvergne-Rhône-Alpes OCTOPUS – Fédération des Musiques Actuelles en Occitanie OPALE – Organisation pour Projets ALternatifs d’Entreprise POLCA – Pôle Musiques Actuelles de Champagne-Ardenne PAM – Pôle de coopération des Acteurs de la filière Musicale en Région Sud RAVIV – Réseau des Arts Vivants en Île de France RIF – Réseau des Musiques Actuelles en Ile-de-France RIM – Réseau des indépendants de la musique SCC – Syndicat des Compagnies et Cirque de Création SMA – Syndicat des Musiques Actuelles SYNAVI – Syndicat national des arts vivants THEMAA – Association Nationale des Théâtres de Marionnettes et Arts Associés UFISC – Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles ZONE FRANCHE – Réseau des musiques du monde
Cette liste sera amenée à être mise à jour.